Article anonyme

Publié le 14 Avril 2017

Article anonyme

Il était une fois 42 élèves et 4 professeurs qui sur un projet un peu fou avaient décidé de partir à la rencontre de l’Histoire. En live et en différé. Il fallait que nous expérimentions une histoire autrement que sur papier glacé.

Le périple commença au pied de la porte de Brandebourg. On imagina alors les troupes napoléoniennes emportant avec elles le quadrige comme tribu de guerre, les troupes hitlériennes défilant au flambeau, les soviétiques hissant leur drapeau remplacé bien vite par le néant, la porte se trouvant dans le no man’s land séparant les deux Berlin, puis les slogans « wir sind EIN Volk » et « Wir sind DAS Volk » scandés par les citoyens s’apprêtant à franchir le mur, un soir de novembre 1989.

On sent ici le poids de l’Histoire, confia une élève si justement.

Les élèves furent ensuite divisés en groupes et orientés vers le mémorial du génocide : un labyrinthe de 2711 stèles, dont la réalisation est encore très controversée, le revêtement des stèles étant produit par la même entreprise qui a mis au point le Zyklon B… Puis ils durent trouver le Führerbunker, impossible à détruire malgré l’acharnement des soviétiques, la bibliothèque engloutie (commémorant les autodafés) et une œuvre dite « dégénérée » de Käthe Kollwitz cachée dans un temple… Ce premier face à face avec l’histoire fut plutôt intense !

Les jours suivants, nos agents secrets, logés à l’Est, ont pu appréhender les bases et les contradictions d’un régime dictatorial : la DDR. Ils ont pu conduire une Trabi, espionner les Wessis du haut de la tour tv, raser le mur, revêtir les vêtements des citoyens de l’Est, passer par le point de contrôle Checkpoint Charlie parmi tant d’autres expériences !

Point fort de notre semaine : une rencontre. Celle avec Norbert, qui par deux fois a tenté de fuir Berlin Est, qui a préféré sécher les cours et renoncer au service militaire que de se soumettre au régime malgré les risques encourus. Qui s’est fait dénoncer par une de ses conquêtes féminines qui collaborait secrètement avec la Stasi. Qui fut acheté par la RFA en 1974 et qui à l’Ouest a enfin connu la liberté. Il y est arrivé sans un stigmate, sans une égratignure mais brisé, cassé par les gardes de la prison ayant mis au point un système très pointu de torture psychologique. « Die ANGST » martelait-il. Pour qu’on se souvienne… Puis en nous enfermant dans une cour de promenade de 3m par 2m il nous a prévenu : « vous, les jeunes, vous êtes les gardiens de la liberté, chérissez-la et veillez ! »

La liberté. Enfin. Dans un pays unifié depuis seulement 27 ans. Les ballets des grues inondent pourtant encore le ciel levant…

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L
J'adore le texte ! Il est très poétique et très touchant. Qui se cache derrière cette belle écriture ?
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Danke !